lundi 9 avril 2012

Le Regard Assassin !


Cet article a été repris par l’excellent E-Mag Marocain Féministe " Qandisha " .
« L’Enfer, c’est les Autres », disait le grand Sartre (Jean-Paul, du prénom) … Aujourd’hui, on pourra presque attribuer ce « autres » aux Marocains. La tentation est on ne peut plus grande.
Très souvent, une vue d’ensemble sur la société Marocaine permet de dresser un constat macabre : Cette société est malade, malade d’un complexe et d’un malaise profond vis-à-vis de l’autre, et plus spécialement du regard de cet autre.
A vrai dire, les gens ont du mal à assumer leur faits et gestes, voir leur idées. Tout leur agissements restent donc tributaires du « socialement correct » et de sa bénédiction, une hypocrisie, un conformisme pesant, rétrograde, voir meurtrier qui s’installe dans les mœurs…
Dans un tel environnement, se revendiquer de choses tel que l’humanisme, les droits de l’homme, la laïcité, voir du féminisme est susceptible d’attirer les foudres de tout ces yeux à l’affut : Il faut bien un certain courage et une indépendance vis-à-vis de la pensée unique pour ne pas se sentir obligé d’adhérer à la « norme » traditionaliste, tellement le poids de la société et de l’impact de son regard est présent et pesant sur la vie de tout les jours de tout un chacun.
Nous avons la les symptômes d’un renfermement, un « communautarisme » , et un ordre moral ambiant, un état de fait qui a été meurtrier dans le cas d’une certaine Amina Filali , par exemple…
Ce qui me révolte le plus dans cette tragédie, ca n’est pas l’arrogance d’une Hakkaoui qui minimise les faits, ni un Ramid qui, lors d’un plateau télé, défend le mariage des mineurs (ou alors, disons le clairement : la pédophilie ! … Il faut bien nommer un chat comme tel !) -l’islam politique étant par définition et de nature rétrograde et le derniers qu’on pourra qualifier de favorable à la cause féminine, cela était prévisible de la part de gens d’un partis dit islamiste, donc pas étonnant -, NON ! ; Ce qui m’indigne le plus dans cette péripétie meurtrière c’est plutôt le fait qu’il a fallut attendre un premier dommage collatéral, une première victime en la personne de l’innocente enfant Amina, pour que la société daigne enfin se rendre compte du caractère nocif, voir caricatural d’un article de loi du code pénal Marocain, à savoir l’article 475 !
Pourtant, à y voir de plus prêt , cet article de loi trouve son essence au sein de cette même société, dans son regard traditionnaliste et rétrograde, et plus précisément du regard qu’elle porte sur la notion de virginité, et de la sacralisation qui lui ai accordé ( Curieusement , cet interdit se limite à la gente féminine ) … Une sacralisation aveugle et simpliste , qui se limite à une membrane insignifiante, et qui va jusqu’à préférer le regard des autres , et le maintiens d’us et coutumes d’un autre âge à la dignité humaine , et à la justice !
Plus concrètement : Nous sommes face à une société qui n’a visiblement aucun scrupule à favoriser l’union entre un violeur et sa victime, mineure soit elle, plutôt que de châtier ce dangereux criminel.
Par peur de la « hantise » vis-à-vis de cet eternel « autre », ce délire obsessionnel atteint son paroxysme lorsqu’on est va jusqu’a légiférer un tel article : Une légalisation pure et simple du viol ! (Accessoirement, du viol sur mineur, de la pédophilie, faut il le encore le rappeler ?)
Tout bon juriste vous le dira : Le droit est réputé puiser ses sources dans les traités internationaux, les constitutions, les lois, les règlements , mais également par la jurisprudence , mais aussi et surtout dans les coutumes … hélas pour nous !
Il ne faut pas se leurrer : Il se trouve que nos us et coutumes , notre tradition , mais aussi le regard des uns sur les autres , et la pression sociale qui en découle , tout cela fait que cette source de droit est inexploitable , et ne tiens pas ou plus la route , pas dans une optique d’amélioration de la condition de la femme Marocaine en tout cas .
Pour aller de l’avant, il faudrait avoir une réelle volonté politique, et un courage pour se détacher de ces lourdes traditions et considérations liés à l’honneur, la réputation, etc … Une justice juste, et donc digne de ce nom ne devrait laisser place à aucune ambigüité : L’humain doit primer sur tout, elle doit œuvrer au bien-être de l’humain, et non pas à d’autres considérations caduques et insignifiantes, pouvant être nuisibles à terme…
Entre l’humain et la tradition, le choix doit être fait, et sans équivoque : L’être humain est sacré !
A vrai dire, il suffirait de respecter l’esprit et les directives consacrées par la dernière constitution du pays : Celle-ci la instaure la parité hommes/ femmes, mais aussi et surtout la primauté des conventions internationales sur le droit interne Marocain … Cette dernière disposition devrait normalement et théoriquement suffire…

Anas Aïtmi